Qu’est-ce qu’un bon sol équestre ?

La question semble simple, mais la réponse l’est beaucoup moins. En effet il n’existe aucune règlementation ni aucune norme qui définit la qualité d’un sol équestre. Et pour cause : il existe également une multitude de disciplines dont les besoins en termes de sols sont aussi disparates que le CSO, le dressage, les courses ou le reining. En nous appuyant sur une conférence du Dr Jean-Marie Denoix au salon du cheval de 2010, nous allons faire le point sur les différentes caractéristiques des sols, énoncer l’impact du travail sur de tels sols sur l’apparition de pathologies de l’appareil locomoteur avant d’établir le tableau de classification dureté/ souplesse des sols par une appréciation visuelle des traces des pieds sur le sol. De cette façon, il est possible de définir selon un langage commun le degré de dureté d’un sol équestre.

La caractérisation des sols équestres

La caractérisation des sols équestres est un préalable à toute intervention ou approche en vue d’une adaptation ou d’une amélioration. Réaliser cette caractérisation sur des critères objectifs est d’une part un travail colossal. Cela comprend d’une part l’établissement de critères différents pour chaque discipline, et d’autre part, si l’on veut que ce travail soit utile et applicable sur le terrain, il se doit de pouvoir être réalisé simplement et avec peu ou pas de matériel. La texture du sol équestre est le résultat de nombreux facteurs. La liste de ces facteurs inclut notamment la portance, la cohésion, la glissance, etc. Pour simplifier l’approche, nous n’allons donc nous attarder que sur un seul de ces critères : la dureté du sol. Bien qu’incomplet, il a l’avantage d’être facilement abordable et assez parlant pour les pratiquants d’équitation.

définir la texture de son sol

? Le sol dur

Un sol équestre est classé dur s’il est presque indéformable. C’est le cas d’une route, d’un chemin empierré, etc. Sur ce sol, plusieurs phénomènes interviennent. D’abord, le choc au moment du poser du pied est important. Il va provoquer des microtraumatismes osseux et articulaires qui sont néfastes s’ils sont répétés longtemps et à forte intensité (vitesse élevée). D’autre part, le choc violent va entraîner des niveaux de vibration des tendons intenses. Ces dernières sont intéressantes pour la rééducation, mais seulement avec une intensité modérée et une durée adaptée dans le cadre strict de programmes de rééducation ou de préparation sportive rigoureusement encadrée par un vétérinaire.

? Le sol ferme

Les sols fermes et durs doivent évidemment être utilisés avec parcimonie, car sur le long terme, les chocs qu’ils génèrent sont à l’origine de pathologies articulaires et tendineuses. Leur utilisation doit être vraiment pondérée par la vitesse.  Ils ont tout de même une double utilité :

  • À vitesse modérée, le sol ferme participe à la rééducation des tendons
  • À vitesse élevée, ils participent à l’adaptation osseuse (préparation du cheval au sol de compétition plus ferme que le sol d’entrainement. Attention, la vitesse soutenue sur ferme ne doit être employée que sur de courtes distances pour ne pas devenir traumatisante.

? Le sol profond

À l’inverse du sol ferme, le sol équestre profond crée un amortissement important qui préserve les articulations en réduisant l’intensité des chocs. En revanche, en donnant un appui moins franc et en modifiant les contraintes sur les différents tendons, il peut également être à l’origine de pathologies locomotrices. Il augmente notamment le risque de tendinite du tendon fléchisseur superficiel du doigt (perforé) et de la bride carpienne. En effet, il provoque un enfoncement plus important des talons dans le sol. Cela induit une sollicitation plus intense de ces structures anatomiques.

 

Le sol profond revêt cependant de nombreux avantages. Comme il offre un rendement moins bon qu’un sol dur, il sollicite plus fortement l’ensemble de la musculature du cheval. Cela comprend également les muscles du dos pour que le cheval se propulse. On s’en rend bien compte en marchant sur le sable sec de la plage, l’effort est plus intense. De même, les appuis sont plus incertains sur un sol profond. Cela participe au développement de la proprioception du pied. Il s’agit de la perception de la position du corps et des différentes structures anatomiques. Avec la proprioception se développent les réflexes de maintien de la posture et donc une meilleure capacité à réagir par réflexe aux différentes modifications d’appui et d’équilibre du pied jusqu’à l’ensemble du corps.

Sur quel sol ne pas travailler ?

Le Professeur Denoix l’indique de façon très claire : le sol le plus dangereux n’est ni le sol dur, ni le sol profond, c’est le sol irrégulier. En effet, ce dernier ne permet pas au cheval d’adapter sa locomotion aux différents appuis sur une surface de consistance imprévisible. Le risque de tendinite augmente alors très fortement. À ce titre, l’entretien du sol revêt donc une importance capitale pour la santé du cheval. En particulier lorsqu’il s’agit d’un cheval athlète. Disposer du bon outil de travail du sol et en faire un usage approprié est primordial.

définir la texture de son sol

Sur quel sol travailler ?

Nous avons vu qu’en dehors des sols extrêmement durs ou extrêmement profonds que l’on ne doit pratiquer qu’à dose appropriée dans le cadre de protocoles d’entrainement ou de rééducation très encadrés, les sols fermes et souples ont chacun leurs bénéfices et leurs risques spécifiques de pathologie. Le conseil du Professeur Denoix est donc de varier le type de sol sur lequel on travaille en privilégiant un sol souple pour le travail quotidien tout en alternant des séances sur sol ferme et sur sol profond.

L’objectif est d’abord de concentrer l’essentiel de la pratique sur sol peu traumatisant.

Il est recommandé d’alterner une pratique sur sol ferme et sur sol profond. La première pour une bonne adaptation osseuse et une préparation à l’effort en compétition qui se déroule sur ce type de surface. La seconde pour améliorer le développement musculaire et notamment le travail du dos du cheval ainsi que de sa proprioception qui améliore son agilité et prévient le risque de lésion sur sol plus irrégulier.

Comment classer son sol équestre ?

En l’absence de norme, chacun à sa propre vision du sol et ses références. Pour prendre un peu de recul sur son « sol maison » et raisonner de façon plus fine l’entrainement des chevaux ainsi que l’entretien du sol, le tableau ci-dessous résume les propos du professeur Denoix sur la dureté des sols. À vous d’observer et de définir sur quel sol vous travaillez en général et sur quelle surface vous pouvez proposer plus de variété pour le travail de vos chevaux.

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