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COMMENT CONCILIER BIEN-ÊTRE, SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET DISTRIBUTION PRATIQUE ?

3 septembre 2014 / PAR horsnews
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Que l’on abrite seulement quelques chevaux ou que l’on soit à la tête d’une écurie importante, l’alimentation des chevaux pose toujours des questions stratégiques. Elle contribue pour les professionnels à la performance et à la santé des animaux et constitue un poste de dépense majeur. Chez les amateurs ou pour des chevaux plus destinés au loisir, on s’orientera vers une alimentation dont le mode de distribution pratique permet de dégager du temps pour monter à cheval.

Comportement alimentaire du cheval

A l’état naturel, le cheval est un animal de steppe qui se contente d’une alimentation pauvre et dispersée. Il consacre 60 à 70 % de son temps à la consommation d’une végétation variée qu’il consomme principalement au sol et en se déplaçant. Elle se compose d’herbe mais aussi de racines, de pousses, d’écorces, de fruits etc. Il adapte dans une certaine mesure son temps de pâturage à la ressource disponible : en période de disette ou de besoins plus importants comme une gestation, il augmente le temps d’alimentation.

Comportement alimentaire et prairies

Contrairement aux ruminants qui consomment l’herbe sur toute la surface disponible, le cheval sectorise l’espace avec des zones de pâturage intense où il surconsomme toujours une herbe jeune en train de repousser, des zones de refus ou il dépose ses déjections. Cette utilisation de l’espace a tendance à détériorer rapidement les prairies en créant des zones surpâturées et des zones d’embroussaillement. A terme, ces zones deviennent poussiéreuses avec la persistance de Rhodococcus equi, bactérie responsable de graves pathologies respiratoires du poulain, mortelle ou invalidante. Le surpâturage favorise également l’implantation d’espèces indésirables comme la porcelle enracinée dont la consommation peut provoquer des pathologies nerveuses sévères (Harper australien). Pour optimiser la production d’herbe et la qualité des prairies, le pâturage mixte avec des bovins ou des ovins est une bonne solution. Les uns consommant les refus des autres, la dégradation des pâtures par les chevaux sera bien moindre.

porcelle enracinée

Les spécificités de la digestion chez le cheval

Le cheval est un monogastrique (il ne rumine pas). Son appareil digestif est caractérisé par :

  • une bouche avec des mâchoires pourvues d’incisive en haut et en bas et des molaires puissantes. Les dents poussent durant toute la vie de l’animal.
  • un petit estomac où le transit est rapide mais qui demande une activité quasi permanente pour éviter le développement d’ulcères.
  • un intestin grêle où s’effectue l’absorption des concentrés (digestion enzymatique).
  • un gros intestin de très grande dimension, qui abrite une flore intestinale pléthorique et où sont dégradées les parois végétales (digestion microbienne). C’est cette caractéristique qui permet à l’espèce de se satisfaire d’un régime pauvre.

Moyennant des phases d’adaptation de la flore du gros intestin, le cheval peut se satisfaire aussi bien d’aliments concentrés que de
rations grossières. Chez le jeune, le lait maternel est consommé avec de nombreuses tétées avec une petite quantité à chaque fois. L’éleveur surveillera de près la croissance des poulains afin de complémenter ceux dont les mères ont une production laitière insuffisante, il pourra utiliser de mangeoires sélectives ou des parcs à poulains.

Élaboration d’une ration

La base de toute ration doit être le fourrage qui apporte les fibres et qui est l’aliment le plus économique, il sera distribué à hauteur de 8 à 12 kg par jour par cheval. La ration sera ensuite équilibrée en énergie et protéines avec des céréales ou des aliments concentrés du commerce. Enfin, on équilibrera d’éventuels déséquilibres ou déficits en vitamines et minéraux. Outre l’équilibre
nutritionnel de la ration, sa présentation et son mode de distribution ont des conséquences directes et importantes sur la santé. Il est
aujourd’hui clairement établi que la baisse de la part de fourrage dans l’alimentation augmente significativement l’apparition de coliques qui peuvent être mortelles. La baisse du temps consacré à l’alimentation augmente également la prévalence des ulcères d’estomac importance du mode de distribution. On observe que le temps consacré à l’alimentation chez le cheval est une donnée importante pour son bien être. Il doit disposer d’une quantité de fourrage qui l’occupe 60 % du temps. Cet objectif est facilement atteint pour des chevaux vivant dehors. Pour ceux qui vivent dans de petits paddocks ou au boxe, on adaptera la distribution avec :

  • Des râteliers qui limitent considérablement le gaspillage et conservent la qualité du foin à l’abri de la pluie. Leur conception doit proscrire les angles saillants et prévenir tout risque de blessure.
  • Des filets à foin qui augmentent le temps d’ingestion. Plus la maille est étroite, plus la consommation du fourrage est lente.
  • Une multiplication des repas de concentrés ; l’idéal est une distribution automatisée du concentré distribué en 4 à 6 petits repas, cette solution est à réfléchir lors de la création de structures professionnelles de grande dimension.

Importance du stockage

On veillera à disposer d’une capacité de stockage de fourrage et de concentrés en rapport avec l’effectif de chevaux. Perdre une partie du fourrage parce qu’il prend la pluie ou augmenter la part de concentré dans la ration par manque de stockage est toujours un mauvais choix économique. Le local de stockage du fourrage doit être proche des écuries pour rester pratique mais doit être séparé de ces dernières par un espace où des cloisons / porte coupe feu pour la sécurité incendie. Des propriétaires particuliers utilisent encore des petites bottes de foin mais elles deviennent rares (et chères!). Le choix de taille de botte de fourrage ( ronde ou carrée) doit s’effectuer au regard de l’ensemble des bâtiments, des possibilités de circulation et du matériel de transport disponible (tracteur avec fourche, microchargeur ) afin de limiter au maximum la pénibilité.

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