Combien de fois pouvons-nous observer des clôtures électriques équestres qui vieillissent mal. Elles peuvent notamment donner une mauvaise image d’un établissement équestre. Cordons mal tendus, rubans qui vieillissent trop vite nécessitant beaucoup d’entretien qui se transforme rapidement en rafistolage. La plus grande problématique liée à ce phénomène concerne le risque d’accident important pour les chevaux. Par ailleurs, cela représente aussi un risque de divagation. En effet, la perte d’efficacité électrique fait que les chevaux (et les poneys) ne respectent plus du tout la clôture. Pourtant, la solution à cette question tient en une phrase :

« Une clôture doit toujours être une ligne droite entre deux jambes de force ».

Après avoir expliqué l’importance des angles dans une clôture permanente, nous donnerons une méthode de planification des clôtures permettant de compter les jambes de force et ainsi les équipements nécessaires. Nous détaillerons ensuite les méthodes de tension des différents conducteurs, Enfin, nous ferons le point sur les départs de ligne.

Importance des angles d’une clôture électrique

La seule façon d’avoir une clôture propre et parfaitement sécuritaire, c’est que cette clôture électrique soit tendue. Entendons-nous bien, il ne s’agit pas juste que le conducteur soit rectiligne, il s’agit bien d’exercer une véritable tension dans celui-ci. Pour prendre une image un peu triviale, la tension se rapproche davantage de celle d’une corde de guitare que de celle d’un fil à linge. Évidemment, la tension exercée sera conforme à celle qui convient au type de conducteur utilisé. Pour supporter cette tension importante multipliée par le nombre de fils que compte la clôture, il est primordial d’une part que la clôture soit dotée d’un squelette robuste et d’autre part que ce squelette soit équilibré. Une seule phrase à retenir :

« Une clôture électrique est toujours une ligne droite entre deux jambes de force ».

En effet, les coins équipés de jambes de force sont le squelette de la clôture. Toute la structure repose sur leur robustesse. D’autre part, la clôture doit être une ligne droite. Si elle décrit une courbe ou un angle, elle va tôt ou tard verser et se détendre vers le côté intérieur de cette courbe.

Les différents types de jambes de force

Fabriquer des coins solides peut se faire de différentes manières en fonction du matériel dont on dispose et du type de sol.

Le long poteau solide

C’est la méthode de base : elle consiste à enfoncer très profondément en terre une robuste traverse ou un poteau de grande section. Pour que cela tienne le coup, il faut enfoncer le poteau de plus d’un tiers de sa hauteur. Par ailleurs, le poteau doit être suffisamment robuste pour ne pas casser au pied malgré la tension qui sera exercée sur les conducteurs. Cela ne se réalise réellement que sur un sol très meuble et profond.

La jambe de force en contrefort

À la manière d’un contrefort, un piquet est planté en biais pour travailler en compression. Cela empêche le poteau soumis à la tension des conducteurs de s’incliner. Cette méthode a pour principal inconvénient d’exercer une forte pression sur la terre au pied de la jambe de force. Celle-ci a donc tendance à « ripper » au niveau de son pied.

La jambe de force en rectangle

Méthode la plus élaborée, elle consiste à créer un rectangle formé par deux poteaux, la surface du sol et une lice positionnée entre les deux têtes des poteaux. On crée ainsi un parallélogramme. Pour l’empêcher de se coucher, on tend un câble en diagonale en partant du pied du poteau de coin vers la tête du poteau de ligne (le 1er de la ligne solidaire du poteau de coin par la lice). De cette façon, la tension exercée par les conducteurs ne fait que tendre plus fort le câble de la jambe de force. Cela ne peut donc en aucun cas faire pencher le poteau. Enfin, la tension des conducteurs est encaissée par deux poteaux au lieu d’un. Ceci prévient le risque de fatigue en pied de poteau.

Comme une clôture électrique est une ligne droite, il faudra installer deux jambes de force à chaque angle ainsi qu’une jambe de force de chaque côté de chaque ouverture dans la clôture.

Clôture électrique équestre

Départ de ligne et tension des conducteurs

Une fois les angles robustes installés, il faut installer des aménagements capables de supporter la traction des conducteurs de la clôture permanente :

Clôture australienne (fil nylon non électrifié)

Il s’agit là du départ de ligne le plus simple. On perce le poteau de coin qui sera traversé par le fil australien et bloqué contre le bois par un tendeur « Gripple ». Comme ce fil a des propriétés élastiques, sa mise en tension peut se faire à la main ou simplement avec d’une pince universelle. Pour les passages d’angles, on perce le poteau et le fil traverse tout simplement le poteau.

Hors’braid et cordons

Pour les clôtures faites en cordon, le départ de ligne est réalisé avec un isolateur de traction. Il peut être attaché au poteau avec un fil acier avec un nœud particulier très résistant, mais compliqué et un peu pénible à réaliser. Désormais, ces isolateurs peuvent être équipés d’un tirefond spécialement adapté. Cela rend leur mise en place rapide et efficace.

Ne pas utiliser des isolateurs de ligne type isolateur annuaire plastique dans les coins, ils ne sont pas conçus pour supporter les fortes tractions.

On traitera les angles saillants (lorsque le fil tire sur l’isolateur) de la clôture également avec des isolateurs de traction. Les angles rentrants (lorsque le fil appuie contre l’isolateur) seront eux traités avec des isolateurs de ligne travaillant en compression. On peut être amené à en utiliser 2 si l’angle est très prononcé.

Fil lisse

Pour le fil lisse (aluminium), on utilise également les isolateurs de traction comme décrit ci-dessus.

Ruban

Les rubans seront mis en tenions dans les angles et départs de ligne avec des isolateurs spécialement prévus à cet effet. On ne peut de toute façon pas se tromper, car les isolateurs de ligne pour ruban ne supportent généralement pas la moindre traction.

Enfin, on veillera à assurer des liaisons électriques de qualité dans les angles de façon à ne pas limiter le passage du courant. Si cette opération est relativement aisée avec du fil lisse, il faudra utiliser les liaisons compatibles pour les rubans et cordons. Ces derniers perdent toute efficacité électrique si l’on fait une liaison avec un nœud.

La réalisation de bonnes jambes de force dans les coins et les angles d’une clôture électrique permanente est le point clé de chantiers durables et avec très peu d’entretien. Cela nécessite un peu de rigueur, mais fait gagner énormément de temps d’entretien. Si la parcelle à clôturer est vraiment très contournée et ne permet pas de réaliser des lignes droites, on a parfois intérêt à « sacrifier un peu de terrain pour bénéficier d’une clôture propre, sécuritaire et durable ». Enfin, la meilleure alternative pour ces clôtures reste la clôture bois qui permet toutes les fantaisies de forme. Celle-ci peut facilement être doublée d’une électrification.