Que ce soit pour le pansage des chevaux, la tonte ou toute autre forme de soins, on a régulièrement besoin d’attacher le cheval. Comme la fuite est la première réponse comportementale à une situation qui lui fait peur, le cheval à l’attache peut rapidement paniquer ou devenir agressif en cas de situation stressante. C’est pourquoi tout espace destiné à l’attache des chevaux doit être étudié pour optimiser la sécurité du cheval ainsi que celle des personnes. Une réflexion sur les pratiques courantes est également à mener pour limiter le risque d’incident. Cela concerne donc également les aires de pansage.

Les pratiques courantes

Préparer le cheval au box

Le box est l’environnement dans lequel beaucoup de chevaux passent une partie significative de la journée et ils y sont alors habitués. C’est en ce point un environnement familier propice à une ambiance sereine pour le cheval. Il reste néanmoins un espace exigu dans lequel la fuite est impossible et où l’agressivité (bousculade, morsure, coup de pied) peut être la réponse comportementale en cas de peur. Enfin, il faut garder à l’esprit que si le cheval peut être habitué au box, ce n’est en aucun cas un environnement naturel, mais seulement celui auquel il a bien voulu s’habituer. À ce titre, pour un cheval qui n’y est pas habitué, le box est un environnement qui peut générer beaucoup de stress et donc d’insécurité pour lui et pour les personnes autour du fait des réactions de paniques que le cheval peut avoir.

La barre d’attache

Elle est idéale devant le saloon pour que le cheval du cowboy éreinté par une journée de tri du bétail puisse s’y reposer. Sous nos latitudes, on la rencontre cependant plus souvent dans les poneys clubs et les centres de tourisme équestre. Elle a l’avantage de permettre d’accueillir beaucoup d’équidés sur une surface réduite et de garder les élèves et les chevaux sous l’œil du moniteur.

Elle présente cependant de nombreux risques :

  • Les chevaux peuvent se déplacer latéralement le long de la barre en faisant glisser la boucle d’attache si la barre n’est pas équipée d’anneaux.
  • Le cheval peut y tirer au renard
  • Les chevaux peuvent s’y chamailler au milieu des cavaliers souvent débutants
  • Les cavaliers y disposent de peu de dégagement et passent régulièrement à portée de coup de pied.

L’anneau d’attache

Très utilisé au box dans les écuries de galop et les centres équestres, il permet une bonne contention, car il représente un point fixe robuste. Sa hauteur doit être adaptée au gabarit du cheval et du cavalier.

Installé contre un mur, il a pour principaux défauts :

De ne pas limiter le déplacement du cheval autour du point fixe qu’il représente et donc de générer une large zone « à risque »

Il peut inciter le cheval à tirer au renard

Les boxes de préparation

Devenu courant dans les écuries de trot, de concours hippique et plus largement de propriétaires. Le box de préparation est équipé de deux poteaux entre lesquels le cheval est attaché par deux longes de chaque côté du licol. Il a l’inconvénient d’immobiliser une surface utile, mais est particulièrement pratique pour les soins et le pansage en plus d’être sécurisant pour le cheval qui ne peut pas tirer au renard comme pour le cavalier-soigneur. On observe que les chevaux y trouvent du calme.

La sécurité du cheval

Le stress du cheval à l’attache

Il faut bien comprendre qu’être attaché pour un animal qui, dans la nature, ne doit son salut qu’à la fuite est stressant. Il va donc naturellement dans un premier temps chercher à se soustraire à cette contrainte avant de se défendre pour enfin s’habituer ou renoncer. Attacher un cheval est donc un acte qui génère des risques. Les facteurs de stress environnants peuvent avoir un effet cumulatif avec ce niveau de stress de base.

On citera principalement :

  • L’absence de congénère à proximité
  • Le fait que le cheval découvre un nouvel endroit
  • Tout stimulus soudain de quelque nature que ce soit qui pourra alerter le cheval (enfant qui court, chien, bruit, odeur inconnue, etc..) On placera donc les aires de pansage en vue des congénères et dans des endroits offrant au cheval une bonne visibilité sur son environnement à l’abri de stimuli soudains pour limiter les réactions de peur

Le cheval qui tire au renard.

Tirer au renard est une l’expression consacrée pour décrire la façon particulièrement violente avec laquelle le cheval attaché par son licol s’arque boute pour tirer sur la longe. Le risque principal est que l’anneau, la longe, le mousqueton ou le licol ne cède. Le cheval bascule alors en arrière au risque non seulement de blesser quelqu’un, mais aussi de violemment basculer en arrière et de se fracturer la nuque en percutant le sol. C’est malheureusement un accident récurrent qui a causé le décès de nombreux chevaux parfois de grande valeur.

Les solutions généralement employées pour prévenir cet accident tant redouté sont :

  • La longe caoutchouc qui, en supprimant l’effet « point fixe » de l’anneau d’attache par ses propriétés élastiques prévient l’accident. Cela fonctionne si la longe est suffisamment solide. Si elle vient à se rompre, le cheval peut non seulement se retourner violemment en arrière en risquant de se briser la nuque, mais également être blessé par la longe élastique qui lui revient en pleine figure.
  • La ficelle de botte qui sert de fusible entre l’anneau d’attache et la longe. Sa fonction est de casser avant que le cheval n’ait pu déployer trop de force et éviter l’accident. La contrepartie est que d’une part de cheval qui a cassé la ficelle est en divagation et d’autre part que certains chevaux prennent l’habitude de casser la ficelle pour partir en balade tout seuls.

Le risque de glissade dans les aires de pansage

La zone d’attache est particulièrement soumise au risque de glissade d’une part parce que le cheval peut y être stressé donc plus réactif et d’autre part parce qu’entravé dans sa réaction de fuite, le cheval peut perdre ses appuis, se blesser avec un faux mouvement ou chuter si le sol est glissant. L’aménagement avec un revêtement adhérent comme des tapis caoutchouc est donc fortement recommandé.

Le risque de bagarre entre chevaux

Il est malheureusement assez courant de voir deux chevaux attachés côte à côte se battre. Il arrive également d’observer le subordonné, encolure tendue en bout de longe, essayer désespérément de se mettre hors de portée du dominant attaché à côté de lui. L’ordre dans lequel les chevaux sont attachés ne tient pas toujours compte de la hiérarchie et des affinités dans le troupeau. Parfois même, les chevaux côte à côte ne vivent pas ensemble et se connaissent peu ou pas. Les chevaux attachés ne pouvant pas s’éviter ou s’éloigner comme ils le feraient au pré, ils se menacent. Ils passent parfois même à l’agression au risque de sévères blessures.

Le mode d’attache dans les aires de pansage : 1 ou 2 longes ?

C’est probablement le point le plus important pour la sécurité du cheval car il permet de résoudre la problématique majeure du cheval qui tire au renard.

L’attache avec 2 longes latérales représente la solution la plus sécuritaire. En effet, elle ne permet pas au cheval de tirer au renard. Elle se différencie ainsi avec tout attache à un anneau ou à une barre d’attache. De plus, elle permet de positionner le cheval face à son environnement. Cela rassure davantage le cheval que de le placer face au mur. Son seul inconvénient tient dans le fait de nécessiter un espace plus important qu’une barre.

Dans le cas d’une attache avec un seul anneau, l’anneau devrait se positionner en hauteur. Cela prévient non seulement le fait de tirer au renard, mais aussi les prises de longes. Pour des chevaux, on positionnera l’anneau à au moins 1m30. Les anglais préconisent même 1m60.

Sécurité des personnes

Les dégagements autour des zones d’attache

Trop souvent ignorés des professionnels et soulignés par les débutants craintifs, les espaces de dégagement lors du pansage des chevaux doivent être nombreux et rapidement accessibles.

Dans les boxes, l’espace exigu n’offre qu’une seule échappatoire de 1.20 m. Cela représente donc un espace à risque.

À la barre d’attache ou avec des anneaux d’attache, la zone de sécurité se trouve à 1m50 derrière les chevaux. Les échappatoires sont plus larges, mais le passage obligé vers la croupe des chevaux reste peu sécurisant. Le fait que les chevaux puissent tenter de se battre entre eux constitue également un risque pour les cavaliers et les personnes alentour.

La sécurité dans les aires de pansage
La sécurité dans les aires de pansage

Dans un box de préparation avec attaches latérales, on peut comme le montrent les schéma ci-dessous, aménager des zones d’échappatoire vers l’avant comme vers l’arrière du cheval. Cela fonctionne à condition de ménager un espace entre la séparation et le mur du fond. De même, on préfèrera utiliser des poteaux séparés des bas flancs pour ménager un espace de circulation plus facile autour du cheval. Dans cette configuration, praticité rime avec sécurité.

zone à risque dans les aires de pansage
Zones à risques dans les aires de pansage

Sécurité du public

C’est un point à ne pas négliger notamment dans les écoles d’équitation. Aucun cavalier même très expérimenté n’est à l’abri que son cheval lui échappe lors du pansage au cours d’une mauvaise manipulation. Le risque de divagation est alors à prendre en compte. Il est ainsi nécessaire de vérifier que l’enceinte de l’établissement équestre soit fermée. Cela évitera au cheval de finir sur la route. De même, dans les écoles d’équitation, on aménagera l’espace de façon à ce qu’une clôture de protection sépare le public de l’aire de pansage. Les autres enfants et les parents pourront ainsi observer les chevaux et poneys au pansage sans risques. Cela évitera de créer une situation dangereuse en s’approchant ou permettra de rester à l’abri d’un équidé en divagation

Dans le milieu assez conservateur du cheval, certaines pratiques ont du mal à être remises en question. L’attache des chevaux en fait partie, tout simplement parce qu’on répète les habitudes connues … jusqu’au jour où un incident nous met la puce à l’oreille. C’est ainsi que le milieu du trot a aujourd’hui largement opté pour un mode d’attache à deux longes. Dans le milieu du concours hippique, les raisons pratiques font que les écuries haut de gamme ont mis en place des stalles de préparation. Le bénéfice collatéral en sécurité est cependant très important. Dans les écuries actives où l’on ne prépare pas les chevaux au box (et pour cause !), la configuration des aires de pansage importe beaucoup. Cela tient au fait que la fréquentation y est particulièrement élevée. Aménageons donc dorénavant des aires de pansage qui garantissent la sécurité des chevaux comme celles des personnes, cavaliers ou accompagnants.