1 Évaluer son besoin pour choisir le bon entrepreneur de travaux.

Évaluer le besoin pour se tourner vers le bon prestataire.

La FFE compte environ 30 disciplines équestres différentes. Autant dire qu’aucun sol ne répond parfaitement aux exigences de l’ensemble des disciplines et que plus on s’oriente vers une pratique en particulier, plus le sol devient technique et moins il est polyvalent. C’est pourquoi, la 1re question à se poser dans un projet de carrière équestre et celle de l’utilisation prévue :

  • Quelles disciplines seront pratiquées ?
  • La carrière d’équitation accueillera-t-elle des compétitions ?
  • Quelle sera l’intensité d’utilisation (nombre d’heures cheval par jour ou par semaine) ?
  • Quel est le niveau technique attendu ?

Pour une carrière équestre de haut niveau technique, il est recommandé de s’adresser à une entreprise spécialisée disposant de solides références. Pour une utilisation plus tournée vers l’initiation ou le loisir, on pourra s’adresser à une entreprise locale plus généraliste en s’appuyant sur des documents techniques fiables à condition que l’intensité d’utilisation ne soit pas trop intense.

2 Dimensions et forme de la carrière

Bien définir le dimensionnement de la carrière et sa forme permet d’optimiser l’investissement. Une grande carrière coute nécessairement plus cher, mais n’est pas forcément plus utile. Par exemple, pour l’initiation à poney, les moniteurs apprécient une petite carrière de 15×25 pour rester à proximité des poneys et des enfants.

L’idée selon laquelle on peut toujours diviser une grande carrière en espaces plus petits et l’utiliser simultanément pour plusieurs reprises omet le souci que posent les interactions entre les chevaux de part et d’autre de la séparation. Là encore, le choix de plusieurs espaces séparés est plus pertinent.

L’équitation fait partie des sports pouvant utiliser des terrains de formes originales et variées pour certaines disciplines (dont le CSO). Il est donc toujours intéressant de créer des espaces plus paysagés sortant des classiques carrières rectangulaires. Cela permet entre autres d’implanter des arroseurs sur des massifs intérieurs à l’aire d’évolution. Attention toutefois à ne pas abuser des formes arrondies qui limitent l’utilisation de l’espace et qui rendent les carrières plus difficiles à monter pour les cavaliers. À ne réserver qu’aux grands terrains de compétition. Pour les carrières de petite dimension, la forme qui optimise l’utilisation est le rectangle.

En dehors des carrières équestres spécifiquement dédiées à la discipline du dressage, on peut avantageusement arrondir légèrement les coins. Cela résout le problème du passage de la herse jusque dans le coin et prévient la formation d’un « triangle d’herbe » à chacun des coins de la carrière d’équitation.

Les 9 points clés pour réussir son projet de carrière d'équitation

3 Tenir compte de l’environnement

Comme tout projet architectural ou d’infrastructure, une carrière d’équitation s’inscrit dans son environnement et en tenir compte permet de limiter certains écueils. Les premiers facteurs environnementaux à prendre en compte pour élaborer le projet sont la topographie et la nature du sol. On évitera les zones humides et les points bas sujets à la stagnation d’eau. Pour tous les projets sur des terrains difficiles ou sujets à caution, une petite étude géotechnique réalisée par un laboratoire routier pour définir le profil de fondation adéquat fournissant les 25 à 30 MPa de portance recommandés est très vite amortie par la rationalisation des quantités de matériaux de fondation à fournir. Il permet également de sécuriser la réussite de ce point clé du projet.

La présence d’arbres à proximité de la carrière équestre apporte de l’ombre et du confort en été, mais apporte aussi des feuilles en automne. Ces dernières vont « polluer » le sable et dégrader, à terme, la qualité du sol. On peut prévenir cela en positionnant en automne un filet fin sur la carrière d’équitation en dehors des horaires d’utilisation pour récolter les feuilles tombées au sol.

4 Infrastructure et drainage

C’est la pierre d’achoppement de beaucoup de réalisations « à problème ». La première question à se poser pour un projet de carrière équestre est « Comment évacuer l’eau ». En fonction de la taille de la carrière et de son utilisation, on mettra en œuvre des infrastructures drainantes plus ou moins élaborées ou des pentes soigneusement établies et réalisées.

Attention, il faut garder une cohérence entre le procédé d’évacuation de l’eau et la perméabilité de la couche de travail. Une couche de travail perméable est impérativement accompagnée d’une infrastructure drainante. De même, une fondation fermée avec évacuation par la pente ne fonctionnera qu’avec un microsable très fin qui convient à cette technique. Beaucoup imaginent évacuer par la pente l’eau de leur carrière réalisée avec un sable lambda. Certes l’eau s’évacue, mais cela prend plusieurs jours …

Pour une structure privée, une carrière d’équitation qui draine mal, c’est dommage, mais on peut s’en accommoder. Pour une structure professionnelle, ce n’est pas concevable. Il est donc important de s’appuyer sur la compétence d’une entreprise spécialisée ou de faire appel à un maitre d’œuvre expérimenté.

système de drainage d'une carrière pour chevaux
Les 9 points clés pour réussir son projet de carrière d'équitation

5 La couche de travail

Si ces dernières années ont vu l’apparition de sols en copeaux de feutre, les couches de travail sont le plus souvent réalisées en sable. Le choix de ce dernier est toujours une étape clé d’autant qu’elle doit être en cohérence avec l’infrastructure et la technique de drainage choisie. De ce choix va également découler la texture du sol équestre et sa consommation en eau bien que ces deux paramètres puissent, dans une certaine mesure, être améliorés par un fibrage du sable. Les points clé de choix du sable sont les suivants :

  • % de silice le plus élevé possible (toujours > 90 %) ce paramètre conditionne l’usure du sable.
  • La granulométrie: idéalement inférieure à 0/1, ne jamais aller au-delà de 0/2 même pour des carrières de loisirs privées.
  • L’angulosité des grains. Un matériau concassé ou à grains anguleux va rapidement se compacter et devenir dur. Un sable roulé sera souple, voire profond, si la granulométrie est trop grossière et si le % de fines (particules les plus fines) est trop faible.

Le point clé lors de la mise en œuvre de la couche de travail est de gérer l’interface entre la couche de fondation composée de matériaux plus grossiers et la couche de travail en sable très fin. Si rien n’est anticipé, les deux finissent par se mélanger sous le poinçonnement des pieds des chevaux et on constate que des cailloux viennent se mélanger à la couche de travail.

Pour prévenir ce phénomène, on n’installe jamais de géotextile entre ces deux couches contrairement à ce qu’ont tendance à recommander certaines entreprises de TP inexpérimentées en sols équestres, mais on installe idéalement des dalles alvéolaires qui empêchent le mélange des couches. Lorsque le budget d’investissement ne permet pas l’installation de ces dalles, on installe une couche d’aveuglement ou couche de fermeture de 5 cm composée généralement d’un matériau de type 0/4 dont la granulométrie intermédiaire entre celle de la fondation et celle de la couche de travail prévient leur mélange.

6 Lice et bordure

La lice de carrière équestre est d’abord un élément de sécurité de la carrière. Elle doit respecter les recommandations de sécurité émises par l’IFCE et être adaptée en hauteur au gabarit des équidés et aux pratiques. Sa pose réclame plus de soin qu’une clôture de parc, car les têtes des poteaux doivent être parfaitement alignées sous peine de rendre la réalisation inesthétique. Les lices en rubans sont à proscrire, car elles n’offrent pas le niveau de sécurité suffisant pour le public, les cavaliers et les chevaux.

Trop souvent négligée, la planche de retenue de sable positionnée en pied de poteaux de lices est indispensable pour protéger le sable de couche de travail de la pollution par la terre végétale environnante, retenir sur la piste le sable projeté vers l’extérieur par les pieds des chevaux et pour prévenir son érosion lors de fortes averses. Choisir un modèle classe IV certifié permet de sécuriser sa durée de vie sachant qu’elle est soumise à l’humidité du sol, aux impacts de pieds des chevaux et à ceux de la herse. Elle fait en réalité toute la différence entre une carrière équestre dont la piste est propre et fiable d’une dont la piste se dégrade et est impossible à entretenir correctement.

clôtures bois / lice bois pour chevaux
Les 9 points clés pour réussir son projet de carrière d'équitation

7 Accès et Portails

En phase projet, on prévoit déjà les différents accès de largeur adaptée pour les cavaliers (1m20 ou 2m10) et les engins (3m minimum selon la largeur de la herse). On n’oublie pas le portillon pour que les officiels accèdent à la piste pour les remises des prix sans oublier que leur expérience et leur sagesse sont inversement proportionnelles à la souplesse qui leur serait nécessaire pour se glisser entre les lices de la carrière d’équitation. Merci pour eux !

On vérifie ensuite que les portails sont d’une part présents (trop de carrières sont dangereuses, car restent ouvertes pendant que les cavaliers les utilisent). On vérifie également que les portails sont facilement manipulables par les utilisateurs (y compris enfants et cavalières de gabarit léger). C’est pourquoi il est préférable de ménager des entrées plus étroites (donc avec des portails plus légers) pour l’usage courant.

Enfin, on veillera à utiliser des portails dont la lice supérieure est en continuité avec celle de la carrière équestre pour ne pas générer de profil contondant en cas de chute à cet endroit stratégique.

8 Arrosage

La texture du sol de la carrière résulte de l’interaction entre le sable et l’eau. L’arrosage n’est donc pas seulement là pour coller la poussière, il influence la texture du sol et donc la sécurité et la santé ostéo-articulaire des chevaux. C’est pourquoi il doit non seulement couvrir l’intégralité du sol de la carrière, mais également être le plus homogène possible pour offrir un sol régulier sous les pieds des chevaux. La solution idéale est aujourd’hui la subirrigation qui apporte une quantité d’eau parfaitement homogène, mais du fait de l’investissement que cela représente.

La plupart des professionnels équipent leurs carrières d’un arrosage aérien intégré. Les arroseurs positionnés en périphérie doivent permettre de couvrir au moins les 2/3 de la largeur de la carrière équestre pour espérer avoir un résultat satisfaisant. L’idéal est un arrosage dit en « pied à pied » où chaque arroseur arrose son voisin, ce qui permet une meilleure répartition de l’eau sur la surface de la carrière d’équitation.

Pour arroser à peu de frais les carrières d’utilisation moins intense, le choix d’un arroseur automoteur branché sur un tuyau est une solution économique et efficace. Elle demande seulement plus de temps d’indisponibilité pour arroser la carrière équestre.

L’arrosage à la tonne à eau ou au RIA (lance à incendie) est à réserver aux cas exceptionnels compte tenu de la main d’œuvre que cela nécessite.

HORSWA
Les 9 points clés pour réussir son projet de carrière d'équitation

9 Entretien

On sait que la qualité d’une carrière récente dépend de la qualité de sa réalisation. On constate aussi qu’au bout de quelques années, l’état d’une carrière équestre dépend en grande majorité de l’entretien dont elle a pu bénéficier. C’est un point clé à envisager dès la création. L’outil d’entretien devra correspondre au sol (sable pur ou fibré), aux dimensions et à l’engin alloué à l’entretien (tracteur, quad…).

Enfin le facteur humain est également un point clé pour maintenir le sol d’une carrière d’équitation dans sa qualité d’origine. Éduquer les cavaliers à ramasser les crottins de leurs chevaux est le premier point pour limiter la dégradation rapide du sable de couche de travail. Confier l’entretien à une personne investie et lui donner les moyens en temps et en matériel pour remplir cette mission est le meilleur moyen de disposer de sols qui satisferont les utilisateurs qui permettront aux chevaux d’exprimer au mieux tout leur potentiel.

La carrière d’équitation est peut-être l’équipement le plus commun à tous les établissements équestres. Cependant, comme il n’existe aucune norme pour sa réalisation (ce qui n’est d’ailleurs pas forcément plus mal) les porteurs de projets peuvent se sentir démunis au moment de mener à bien leur projet. C’est pourquoi s’il reste des zones d’ombres malgré ces conseils, il ne faut pas hésiter à se rapprocher d’un spécialiste afin de garantir la meilleure qualité de réalisation.