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La clôture est l’équipement commun à tous les gens qui hébergent des équidés, sa fonction principale étant de maintenir les chevaux dans un espace donné. Il arrive que des accidents arrivent, occasionnant des blessures. Avec Charlotte SPOERLE, vétérinaire équin en Alsace, nous faisons le point sur le type d’accident qui survient le plus souvent, les blessures que cela engendre et les conditions dans lesquelles ces accidents se produisent.
Charlotte SPOERLE rapporte que la plupart des blessures qu’elle traite sont en réalité assez bénignes dans le sens où elles ne génèrent pas de séquelles fonctionnelles chez les chevaux. Le plus souvent elles ne génèrent que des soins et des convalescences plus ou moins longues. Pour un cheval de sport ou même de loisirs, cela entraine tout de même une mise au repos forcée parfois de plusieurs semaines. Ces blessures peuvent également occasionner des cicatrices qui déprécient la valeur de l’animal.
On observe également une différence de gestion et d’approche des blessures dues aux clôtures chez les professionnels et chez les particuliers. Il semble que les professionnels fassent moins appel au vétérinaire pour soigner ce type de blessure car ils ont une certaine habitude pour effectuer les soins de base. D’autre part, la réduction des frais vétérinaires fait partie des raisons pour lesquelles les pros semblent avoir tendance à gérer eux même ce type de blessure.
Types de blessures
Charlotte SPOERLE indique que la plupart des blessures dues aux clôtures sont des lacérations et des brûlures résultant du frottement d’un conducteur ou d’un fil sur un membre. Peu de blessures sont observées sur les clôtures bois, probablement parce qu’elles sont moins nombreuses, que les chevaux les respectent plus et qu’il y a moins de risque de se prendre le pied dedans. De ce fait en dehors d’un choc contre la clôture ou d’une écharde contondante, ce qui en pratique demeure très exceptionnel et peu grave, les soins se résument à une désinfection et à la surveillance d’une bonne cicatrisation.
Chez qui y a-t-il le plus d’accidents ?
Il semble que les vétérinaires observent moins d’accidents chez les professionnels que chez les particuliers. Outre la raison évoquée précédemment, les professionnels disposent dans l’ensemble de clôtures plus sécuritaires que les amateurs. De plus, comme elles ont été posées par des personnes expérimentées ou par des poseurs professionnels, tous les facteurs sont réunis pour limiter au minimum le risque de blessure.
Chez les amateurs, les incidents semblent plus nombreux, d’une part parce que les équipements utilisés sont parfois moins performants (cordons ou rubans d’entrée de gamme) mais généralement, c’est plutôt la qualité de mise en œuvre qui fait défaut, fils mal tendus, des défauts d’électrification ou des configurations de clôture plus accidentogènes.
Enfin, là où les accidents sont les plus fréquents et avec des blessures plutôt plus graves, c’est lorsque les chevaux sont dans les prairies d’agriculteurs destinées à d’autres espèces et dont les clôtures ne sont pas adaptées pour la garde des chevaux. Les plus dangereuses sont dans l’ordre :
- Les fils de fers barbelés car si le cheval s’y retrouve prisonnier et se débat, il aggrave ses blessures,
- Les grillages à moutons dans lesquels le cheval peut passer le pied et se retrouver également prisonnier,
- Les fils lisses torsadés qui ont une très forte résistance,
- Les fils lisses galva qui, même non torsadés restent robustes et qui ont un effet ressort cinglant lorsqu’ils cèdent, entrainant ainsi des blessures supplémentaires.
Aucune législation n’interdit l’utilisation de ce type de clôture pour les chevaux (seuls les barbelés sont interdits dans les établissements recevant du public). Pour autant, il faut absolument éviter de harder des chevaux avec ce type de clôture totalement inadaptée.
Les facteurs de risque avec les clôtures
La vétérinaire Charlotte SPOERLE met en avant l’effet du contexte sur le risque d’accident. En effet, un petit parc de type paddock où le cheval va être en permanence en train de se confronter à la clôture, est potentiellement plus accidentogène. A contrario, une pâture de grande dimension avec de l’herbe et des congénères constitue un environnement dans lequel les chevaux sollicitent peu les clôtures. On peut donc de se contenter dans ce cas d’un dispositif de clôture moins visuel.
La nature de la clôture est évidemment un des facteurs de risques d’accident. Comme vu précédemment, certaines clôtures présentent une dangerosité plus importante. C’est le cas des clôtures les moins visibles et dont la résistance à la rupture demeure importante. On les réservera donc aux pâtures avec un environnement calme et sans risques.
L’expérience plus que l’âge du cheval sont des éléments déterminants qu’il convient de prendre en compte. En effet si la clôture bois a le même effet visuel chez tous les chevaux, il n’en est pas de même avec les clôtures électriques. Les comportements vis-à-vis de la clôture électrique est le fruit d’un apprentissage (dans le bon ou le mauvais sens). De fait, les clôtures mal électrifiées sont dangereuses à plus d’un titre. D’abord, les chevaux ne réagissant pas en les touchant risquent de s’y emmêler, ensuite, ils prennent de mauvaises habitudes et deviennent « des chevaux à risque » quel que soit le contexte puisqu’ils ont appris à ne pas respecter les clôtures. Par conséquent, l’apprentissage que fait le poulain de la clôture est primordial. Pour le faire dans de bonnes conditions, l’éleveur doit disposer d’un parc adapté avec une clôture physique doublant la clôture électrique pour permettre au poulain un bon apprentissage, de faire l’expérience de la correction électrique en étant incité à s’éloigner de la clôture physique. Faire cet apprentissage avec une simple clôture ruban fait courir le risque que le poulain traverse les rangs de fils, chose qu’il aura d’instinct tendance à faire, et il sera alors surpris par la « poignée de châtaignes ».
Un mauvais entretien est probablement un des facteurs principaux de risque. Il conditionne l’efficacité électrique de la clôture, une lice cassée ou un fil détendu sont des points de sortie du parc qu’un cheval ne manquera de repérer et qu’il tentera donc de franchir risquant ainsi l’accident.
Quel type de clôtures pour quelle parcelle ?
La vétérinaire rappelle que c’est d’abord l’effet visuel qui garde les chevaux et que la clôture la plus dangereuse est la clôture que le cheval ne perçoit pas.
Tout d’abord, la clôture physique comme la clôture bois ou la clôture Hors’rail qui sont doublées d’électricité sont les plus sécuritaires. Elles sont indispensables pour les paddocks de petite taille ou pour les chevaux chauds. La hauteur et le nombre de rangs seront proportionnels à l’envie de sortir et au gabarit du cheval ou du poney à garder. Attention, les plus petits ne sont pas forcément les plus faciles à garder ! Pour doubler le bois, le fil lisse d’aluminium est une bonne solution qui couple conductivité, facilité d’utilisation et faible résistance à la rupture en cas d’incident.
En bord de route ou de chemin, là aussi, la clôture physique est recommandée, le niveau de sécurité doit être important compte tenu du risque de divagation.
Pour les clôtures de prairies ou pour doubler des haies, des cordons ou des rubans de bonne qualité avec une mise en œuvre bien réalisée conviennent généralement.
Enfin pour les clôtures de parcellement (temporaires), seuls les cordons autorisent des montages et des démontages successifs. Attention alors à ne pas utiliser de cordelettes fines. Elles sont peu visibles et leur effet « fil à couper le beurre » est particulièrement dangereux. En plus de leur faible visibilité, elles provoquent des blessures plus profondes. Les cordons larges provoqueront des blessures moins graves en cas d’accident.
Enfin, et c’est la plus grande recommandation, un entretien régulier des clôtures est indispensable. C’est lui qui permet à la situation de ne pas de dégrader. Une lice cassée d’un côté, un poteau vacillant de l’autre ou un conducteur détérioré ou vieillissant peuvent être à l’origine d’accidents alors suivons la maxime : « mieux vaut prévenir qui guérir ! ».