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Le rêve de beaucoup de passionnés et de cavaliers est de récupérer ses chevaux chez soi. Avec le plaisir de profiter de ses chevaux sous ses fenêtres et de développer une relation plus étroite avec eux arrivent également des réalités plus triviales liées à l’entretien quotidien des chevaux. Pour éviter de tomber de haut et que le rêve ne se transforme en cauchemar, il est bon d’anticiper ces questions de logistique quotidienne, d’organisation, de choix des équipements adéquats et d’agencement de l’espace. Ils font en réalité toute la différence entre une infrastructure chronophage qui finit par transformer les soins aux chevaux en corvées et une installation pratique qui vous permet de passer du temps avec vos chevaux plus qu’avec leur fourrage ou leur fumier.
Le guide ci-dessous est destiné à vous accompagner pas à pas dans la préparation de votre projet d’aménagement pour récupérer vos chevaux « à la maison ».
1 Quel mode d’hébergement ?
Beaucoup de propriétaires qui commencent à héberger leurs chevaux chez eux sous-estiment la contrainte que représente le box en termes de temps de travail de logistique et d’astreinte. Ils choisissent assez rapidement sur un hébergement de type box/paddock qui tend se transforme ensuite naturellement en paddock avec abri.
Quand on prend conscience que le confinement prolongé au box génère plus de pathologies qu’il ne rend de services au cheval, on imagine davantage un hébergement en extérieur voire un hébergement collectif. Le propos ici n’est surement pas de blâmer le box, mais de dire attention à son utilisation, c’est son utilisation excessive qui pose question. En effet, héberger ses chevaux chez soi ne les préserve pas de toutes les blessures et pathologies, il peut donc être bien utile de disposer d’un box ou d’un abri fermé pour immobiliser temporairement un cheval, lui faire des soins ou lui distribuer individuellement sa ration.
2 Faire un programme de travaux préalable
Pour préparer sereinement l’accueil de ses chevaux et pour ne rien oublier, il peut être intéressant de réaliser un programme de travaux simplifié. Il permet d’une part de ne rien oublier, de budgétiser son investissement et de se poser les bonnes questions quant aux choix techniques qui devront être faits. Cela consiste simplement à faire l’inventaire de toutes les infrastructures nécessaires pour accueillir le nombre de chevaux que vous avez décidé d’installer chez vous. Cela comprend les abris, clôtures, abreuvoirs, mais aussi sellerie, stockage du fourrage, éventuellement aires d’évolution, etc.
> Contacter un conseiller et définir votre programme de travaux
3 Les autorisations de construire
Les équipements qui nécessitent des autorisations de construire sont les suivants (cas général) :
- Tous les abris et bâtiments. Seul un abri de jardin de moins de 5m² peut être édifié sans autorisation préalable.
- Terrassements avec excavation au rehaussement du terrain de plus de 2m de haut
Il est très fortement recommandé de consulter le PLU de la commune qui est disponible en mairie et parfois directement sur internet pour connaitre les éventuelles obligations ou spécificités locales (couleur et forme de toiture, taille maximale des abris, distances par rapport aux tiers, etc.).
Enfin, il faut prendre conscience que pour un particulier, construire sur un terrain agricole n’est pas directement autorisé et qu’il faut donc se rapprocher du maire qui est l’autorité compétente en la matière ou du service d’urbanisme le cas échéant pour présenter son projet et définir dans quelle mesure il est réalisable.
4 Un agencement pratique
Lorsque l’on a un emploi du temps chargé par le travail et la famille et qu’il faut en plus s’occuper des chevaux, le mot d’ordre doit être la fonctionnalité. Les tâches quotidiennes sont d’abord l’alimentation et l’abreuvement. Ensuite, régulièrement vient l’évacuation des fumiers. Il faut prendre conscience que le format des bottes de foin produites aujourd’hui correspond à des équipements de manutention agricole lourde. La proximité des différents stocks de fourrage et de concentrés ainsi que celle des espaces de soin, de la douche, de la sellerie, etc. sont primordiales pour ne pas perdre son temps à chercher ici un seau, là-bas une brosse, de voir faire de grandes distances avec la brouette, etc.
5 Stocker et manutentionner le fourrage
Distribuer le fourrage est de loin la tâche la plus pénible, car elle est quotidienne. À moins de profiter de la proximité d’un agriculteur qui vous fournit et met le foin dans le râtelier à la demande, il est impératif de mener une réflexion sur le stockage (équipement et volume nécessaires), mode de distribution, format des bottes, outil de manutention.
La réflexion sur le stockage doit être parallèlement menée sur l’axe pratique et sur l’axe économique. En effet, si le foin est moins cher au moment de la récolte, le delta de prix ne justifie pas forcément le surcout d’un stockage dimensionné pour une consommation annuelle. Disposer d’un volume de stockage de 2 ou 3 mois et se faire livrer régulièrement peut aussi être une bonne solution. À chacun de faire son calcul en fonction du stockage dont il dispose, du prix et de la rareté du foin dans la région qu’il habite.
6 Distribuer l’alimentation
Toutes les recommandations vétérinaires ou de la part des équipes de recherche en éthologie équine convergent sur l’idée que l’alimentation du cheval doit être basée sur le fourrage. Le volume de stockage ou la fonctionnalité pour la distribution ne doivent donc pas venir à l’encontre de cette bonne pratique.
Les petites bottes (de 15 kg) sont de plus en plus difficiles à se procurer. De plus leur manutention est pénible et demande beaucoup de main d’œuvre et leur prix flambe. Il vaut donc d’ores et déjà tabler sur les formats plus communs de bottes rondes (350 kg) ou des bottes rectangulaires haute densité (450 kg et plus). Cela permet de dimensionner le stockage et d’investir dans un format de râtelier en conséquence.
Il est rare d’en tant que particulier, on dispose de moyens de manutention lourds. On comptera alors sur l’aide de l’agriculteur voisin qui vous fournit le foin pour venir remplir les râteliers en dehors des périodes de pâturage. Il est cependant plus simple de s’organiser pour avoir un maximum d’autonomie. La règle est alors de rapprocher au plus près le stockage du fourrage de sa distribution. En poussant ce raisonnement, on peut même regrouper stockage et distribution du fourrage en un même lieu avec un abri de stockage équipé de façades d’affouragement.
> Contacter un conseiller abri de stockage et distribution du fourrage.
7 Curer les fumiers
On constate dans toutes les structures hébergeant les chevaux en groupe que l’immense majorité des crottins sont déposés à proximité de la zone de distribution de fourrage. Plutôt que de déplacer un râtelier mobile en hiver au fur et à mesure que le sol est labouré par es chevaux et que la boue se mélange au fumier, l’expérience montre qu’il est plus pratique et fonctionnel de stabiliser une plateforme sur laquelle on vient installer un râtelier. Les crottins ainsi regroupés sur un espace portant sont plus faciles à regrouper et à enlever surtout si vous avez installé votre fumière à proximité. Certains équipent un quand d’un petit rabot frontal qui permet quotidiennement de pousser en quelques minutes et sans manutention les crottins jusqu’à la fumière et de garder une plateforme propre tout en alimentant un tas de compost qui sera valorisé au potager ou que les voisins seront ravis de venir vous prendre pour leurs rosiers.
> Comment stabiliser pour curage mécanisé
8 Abreuver
Souvent traité en dernier lieu l’abreuvement des chevaux finit même par servir de recyclage à de vieilles baignoires particulièrement inesthétique sous les fenêtres de la maison. On n’oubliera pas que l’abreuvoir gèle en hiver. C’est pourquoi l’investissement que représente un abreuvoir automatique et un système isotherme voir antigel (avec thermostat) permet un gain de temps et de fonctionnalité. En choisissant le bon modèle d’abreuvoir, cela vous évitera également la joyeuse corvée de nettoyage à 4 pattes au-dessus des abreuvoirs tous les 15j en été lorsque les algues se développent dedans.
9 Doucher et faire les soins
Même si on héberge principalement chez soi des chevaux qui ne travaillent pas comme des retraités ou des chevaux d’élevage, on est régulièrement amené à faire quelques soins, à devoir doucher un membre ou simplement de disposer d’un espace pratique lors des parages effectués par le maréchal-ferrant, les soins et les contrôles du dentiste équin ou du vétérinaire.
Une petite réflexion est à mener sur la fonctionnalité de cet espace, son emplacement pour que les chevaux y soient au calme, en sécurité et que les personnes y travaillent également en toute sécurité.
Pour garder un cheval calme, le contact visuel avec ses congénères est important, on y pensera au moment d’aménager la zone de soins qui peut d’ailleurs être commune avec l’espace de douche.
On aménagera de préférence une aire d’attache avec 2 longes positionnée latéralement de chaque côté de la tête du cheval, celui-ci faisant face à ses congénères. Pour la douche, on évitera le tuyau courant au sol qui crée autant d’occasions de se prendre les pieds dedans et on installera une potence venant au-dessus du cheval avec un pistolet de douche positionné à environ 15 cm au-dessus du sol.
10 Assurer la surveillance
Aller voir ses chevaux au champ par un beau dimanche matin d’été ensoleillé est agréable et bucolique, c’est l’image d’Épinal du cheval chez soi. La réalité est aussi celle du jour de semaine en hiver quand il fait 4°C et qu’il pleut. À ce moment, on est bien content d’avoir pensé matin à aménager les aires où les chevaux passent le plus de temps visibles depuis la maison ou un poste abrité, cela permet de gagner du temps et du confort sans que ce soit au détriment de la surveillance et de la santé des chevaux. Ainsi, les abris seront positionnés dans la mesure du possible avec l’intérieur facilement observable depuis la maison. De même, les espaces de distribution du fourrage seront aussi à portée de vue pour pouvoir juger de loin que l’ensemble du troupeau a un comportement habituel. Tout comportement suspect pourra être immédiatement suivi par un contrôle plus à proximité du cheval.
Récupérer ses chevaux chez soi, c’est une organisation, mais c’est aussi un transfert de responsabilité. En effet, dans une pension (digne de ce nom) on peut s’appuyer sur la compétence d’un(e) professionnel(le) qui a non seulement la compétence, mais aussi la disponibilité pour assurer une surveillance efficace et alerter ou prendre rapidement les décisions qui s’imposent en cas d’incident. Chez soi, cette surveillance n’est pas forcément aussi constante pour peu que l’on soit amené à laisser les chevaux seuls en journée ou à les confier à une personne qui passera régulièrement, mais ponctuellement lorsque l’on s’absente. C’est pourquoi la conception de l’infrastructure même si elle est beaucoup plus simple que chez un pro est aussi cruciale.
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