Le cheval est à l’origine un animal de steppe adapté à la chaleur. Cependant, nos animaux domestiques vivent pour la plupart dans des environnements différents du désert. Faisons le point sur les possibilités d’adaptation du cheval, les facteurs qui le rendent plus ou moins sensible en cas de forte chaleur et enfin sur les bonnes pratiques en termes d’équipements et d’utilisation des chevaux par fortes températures.
Les mécanismes d’adaptation à la chaleur
Lorsqu’il fait très chaud, le cheval régule sa température par des mécanismes physiologiques rapides en augmentant l’évaporation. Il peut évaporer de l’eau d’une part par la transpiration et d’autre part par la respiration en augmentant sa fréquence respiratoire, il va ainsi évacuer plus de valeur d’eau lors des expirations. C’est le mécanisme rapide d’adaptation à la chaleur.
Lors d’un épisode chaud entre en jeu une adaptation plus lente qui consiste d’une part à rechercher les zones plus fraiches et d’autre part à modifier son comportement alimentaire. Le cheval va réduire la consommation alimentaire pour limiter la chaleur généree par la digestion. Les heures de pâturages vont se concentrer sur le matin et la fin de journée tandis que les heures les plus chaudes sont consacrées au repos debout dans les endroits aérés et ombragés pour se mettre à l’abri des insectes et du soleil. Souvent positionnés tête bêche, les chevaux profitent des mouvements de queue de leurs congénères pour chasser les insectes attirés par l’humidité au niveau des yeux des lèvres et des naseaux. La consommation d’eau est également augmentée proportionnellement à la température et aux efforts fournis. De plus, la végétation séchant, elle contribue moins à l’hydratation.
A l’échelle de l’évolution et de la sélection, on observe un effet race sur l’adaptation à la chaleur. Les races de pays froid ont un poil et des crins plus abondants et des membres plus courts alors que les pays chauds ont vu se sélectionner des individus avec des morphologies plus près du sang, un poil fin et moins de crins et des membres plus longs comme le cheval arabe ou le pur-sang anglais qui en est issu.
Quelles sont les conduites à tenir par temps chaud ?
L’hébergement
La première chose à vérifier est bien sur la mise à disposition à volonté d’eau propre de façon à lutter contre la déshydratation. S’équiper d’abreuvoirs automatiques ou de bacs à niveau constant permet un gain de temps et de sérénité. Les bacs les plus indiqués par temps chaud sont les bacs isothermes qui en plus de garder l’eau fraiche empêchent le passage des UV et empêchent donc le développement d’algues. Une corvée de nettoyage hebdomadaire est ainsi évitée.
La transpiration entraine une perte en électrolytes. Si elle peut être peu intense chez des chevaux fournissant peu d’efforts, il faut cependant veiller à leur mettre une pierre à sel à disposition pour leur permettre de compenser.
Fournir de l’ombre au cheval est une obligation règlementaire. Si les chevaux ne disposent pas d’une ombre naturelle, il est indispensable de leur fournir un abri. On recommande un espace de 9m² par cheval afin que chacun des chevaux du groupe ose venir s’abriter.
Lorsque l’abri est de grandes dimensions, il est important de ménager plusieurs accès pour que les subordonnés ne craignent pas de s’y trouver piégés. Il est ainsi assez fréquent de trouver un groupe de chevaux sous un abri avec les subordonnés restant dehors en plein soleil par peur de la proximité des dominants. Il semble que la température de 30°C soit un seuil au-delà duquel les chevaux adaptent leur comportement de façon significative avec la recherche d’abri et la modification du comportement alimentaire.
Les chevaux hébergés en écurie devront être particulièrement surveillés. On entrebâillera les ouvertures de façon à préserver au mieux la fraicheur tout en conservant un mouvement d’air suffisant. Les chevaux montrant des signes comme de la transpiration à l’arrêt ou une augmentation de la fréquence respiratoire devront être sortis et douchés régulièrement pour aider leur thermorégulation.
Alimentation
Comme le cheval réduit sa consommation alimentaire par temps chaud, il va falloir compenser par la mise à disposition d’une alimentation plus riche avec idéalement un fourrage riche comme une première coupe sur une herbe plutôt jeune. On pourra aussi compenser par la complémentation avec une ration riche en lipides.
Le travail par temps chaud
Par forte chaleur, le travail doit être adapté. Les horaires de travail sont le facteur le plus facilement aménageable. On consacrera les heures matinales aux chevaux devant fournir les efforts les plus violents et donc potentiellement soumis à la plus forte déshydratation. On se tournera naturellement vers les aires de travail abritées si le cheval doit travailler à des heures plus chaudes.
Pour les compétitions où l’on ne peut modifier ni le lieu ni l’horaire, on va activement lutter contre la montée en température excessive du cheval pendant la détente avec un arrosage régulier à l’éponge et après l’effort pour que le cheval retrouve une température corporelle convenable. On lui donnera également des électrolytes pour compenser les pertes en sels minéraux dues à la transpiration.
Les épisodes de canicules dépassent rarement une dizaine de jours et se passent généralement bien pour les chevaux qui ne doivent pas fournir d’effort important dans la mesure où leur environnement leur permet de s’adapter. Pour les chevaux participant à des compétitions, le risque est nettement plus important. Des adaptations peuvent être décidées par les jurys d’épreuves longues comme par exemple le cross du concours complet. La gestion des efforts intenses et la récupération doivent être encadrés et pris en charge par des équipes expérimentées sous l’expertise de vétérinaires. Gare au coup de chaleur !