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L’hiver arrive et avec lui, le froid, le vent, l’humidité et la boue qui nous font apprécier de nous mettre à l’abri, bien au chaud près de la cheminée. L’anthropomorphisme naturel de tous ceux qui aiment les chevaux nous pousse à croire qu’il en est de même pour le cheval et que lorsque le temps est humide et froid, le cheval est mieux au chaud dans son box. Beaucoup de publications scientifiques montrent aujourd’hui que le confinement prolongé au box génère des pathologies locomotrices, digestives, respiratoires et comportementales. Bien que ce confinement prolongé desserve le bien-être du cheval, on est tenté en hiver de moins mettre son cheval au paddock pour de nombreuses raisons tout à fait valables. Alors, comment trouver ce juste équilibre qui remet le bien-être du cheval au centre de nos pratiques ?
Un « confort » qui fait courir plus des risques
L’effet rebond est, en éthologie, l’expression exagérée d’un comportement suite à la frustration de son expression « normale ». Par exemple, un cheval qui vient de passer 20h au box va partir au galop et en sauts de montons pour se défouler quand on le lâche au paddock. Ce comportement est quasi systématique dans ce contexte alors qu’un cheval hébergé en extérieur aura rarement ce genre de comportement et si cela arrive, il l’exprimera de façon beaucoup moins intense. Dans le cas du comportement locomoteur, il génère un risque accru de blessure pour le cheval qui fait un effort violent à froid, mais également un risque de chute supplémentaire pour le cavalier si le cheval monté n’a pas pu se défouler auparavant. D’aucuns disent qu’il suffit de longer le cheval avant de monter. Si c’est pour qu’il explose au bout de la longe, sur un petit cercle, ça n’est pas plus sécurisant qu’au paddock. Bref, en croyant mettre le cheval dans le confort, on finit par se retrouver dans une situation explosive qui met en péril sa santé et la sécurité du cavalier.
En réalité, l’effet rebond n’est que le plus spectaculaire des effets délétères du confinement prolongé au box que l’hiver peut nous inciter à faire subir au cheval. En effet le confinement expose plus longtemps le cheval à une atmosphère chargée en poussières de fourrage et ammoniaque, ce qui l’entraine à petit feu vers l’emphysème pulmonaire. Le confinement augmente aussi considérablement le risque de colique sans parler des effets dévastateurs de l’isolement social sur son moral.
Faut-il pour autant bannir le box et mettre son cheval tout l’hiver dans la boue ?
Quel paddock en hiver ?
Eh oui, les paddocks en hiver sont souvent synonymes de boue, de sol gelé et d’abreuvoirs où il faut casser la glace. Effectivement, des paddocks utilisables toute l’année représentent un peu plus d’investissement que des clôtures et une baignoire pour abreuvoir. Mais s’ils sont utilisés en comme espace de vie des chevaux 365j par an ; comme le diraient langoureusement certaines égéries « Parce que je le vaux bien ! ». En tout cas, sans verser dans l’installation de luxe. Une stabilisation avec dalles drainantes de 4 à 5 m autour des râteliers, devant les abris et à l’entrée du paddock permet de rendre propres, drainantes et portantes les zones les plus fréquentées. Cela améliore sensiblement non seulement le confort mais aussi l’effet visuel et fait que l’écurie sera d’autant plus appréciée par les clients. Bref, un investissement qui va s’avérer rentable tant en termes d’image et de fréquentation que de frais vétérinaires, de bien-être pour le cheval et de temps passé à entretenir les boxes. Cela permettra de rendre au sol sa perméabilité qui limitera de fait la formation de boue et la sensibilité au gel. Pour les abreuvoirs, même si ça peut être fait dans un second temps, on pourra utiliser des modèles isothermes ou anti gel ou encore opter pour des robinets anti gel pour sécuriser l’abreuvement même par temps glacial.
Le cheval doit-il rester hébergé au paddock tout l’hiver ?
Il est important de savoir garder une position équilibrée et de ne pas se faire une idée radicale « le cheval doit rester absolument dehors » ou « il doit absolument rentrer au box ». En effet, tous les chevaux ne gèrent pas le froid de façon identique. Les races rustiques ont tendance à faire plus de poil et sont donc mieux protégées que les chevaux plus près du sang. De même, les chevaux déjà affaiblis par des soucis de santé, l’âge ou un état corporel insuffisant risquent de souffrir d’un hébergement dehors. Ils sauront alors apprécier quelques heures passées au box notamment pour se coucher sur un sol sec. A l’opposé, des individus en forme et en bon état corporel ne craignent absolument pas le froid.
En parallèle, le temps de repos couché est reconnu comme un des critères d’évaluation du bien-être. Les chevaux qui finissent par se coucher dans des terrains humides et boueux cèdent parfois à la fatigue résultante de ne pouvoir se coucher sur un terrain confortable. Cela peut avoir rapidement des conséquences délétères notamment chez les très vieux chevaux qui peuvent rencontrer des difficultés à se relever. A surveiller, et si c’est le cas, quelques heures au box sur un sol sec et non glissant seront appréciées.
L’aménagement d’un abri
Il suffit parfois d’un abri bien aménagé pour que les chevaux puissent s’y reposer. C’est une obligation légale, mais aucune indication de dimensions ou d’aménagement n’est précisée. On observe en pratique que 9 à 10 m² par cheval de gabarit adulte conviennent pour que chaque cheval puisse s’abriter. En effet, si seul le dominant en profite, l’abri n’a que peu d’intérêt. On veillera également à y préserver un sol sec et le plus souple possible pour inciter les chevaux s’y coucher. Enfin, une orientation dos au vent et plutôt sud sera appréciée pour les petites siestes. C’est de cette façon que les chevaux hébergés en écurie active passent confortablement tout l’hiver avec en permanence la liberté de choisir l’abri ou l’extérieur.
On gardera à l’esprit que le cheval est, à l’état naturel un animal de steppe bien adapté à l’hiver. Le froid ne le gêne pas à condition de bénéficier d’un sol pas trop boueux et d’une alimentation suffisante notamment en fourrage de qualité. Il craint le vent et de ne pouvoir se coucher sur un sol sec donc un abri sera nécessaire à son bien-être et son confort. Enfin, une observation objective (cheval qui grelotte, poil hérissé et croupe rabattue) permet de juger si le cheval appréciera de passer quelques heures au box pour s’y repose