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Agencement des parcs et des paddocks

L’hébergement de chevaux en groupe sous-entend leur bien-être qui intègre une dimension de sécurité de façon générale et de sécurité des chevaux se trouvant en bas de la hiérarchie en particulier de manière qu’ils puissent éviter les potentielles agressions des chevaux dominants. Cet aménagement ne doit en aucun cas être pensé au détriment du confort de travail des responsables d’écurie. Au contraire, il devra limiter au minimum l’emploi d’outils qui font forcer sur le dos et également limiter le temps de travail pour maximiser le temps directement consacré aux chevaux.

Le bien-être et sécurité des chevaux

Le bien-être des chevaux se résume en réalité à satisfaire simplement un minimum de besoins caractéristiques de l’espèce :

  • La grégarité avec possibilité pour les subordonnés d’éviter les dominants dans le calme en permanence.
  • Une alimentation en continu avec notamment du fourrage en permanence disponible
  • Un agencement qui sollicite une locomotion lente, mais suffisante sans pour autant être excessive.

On veillera particulièrement à ce que la distribution de l’alimentation (fourrage comme concentrés) ne génère pas de risque pour les chevaux. À ce titre, on évitera si possible toute possibilité de contact entre les chevaux et des tracteurs qui manutentionnent le fourrage. Différentes solutions sont possibles. On pourra par exemple positionner un râtelier en imite de parcelle pour pouvoir l’alimenter depuis l’extérieur du parc. Cela sous-entend évidemment que ce râtelier est à poste fixe et il faudra impérativement stabiliser le sol aux abords de ce dernier avec des dalles de stabilisation pour éviter qu’il ne se transforme rapidement en terre puis en boue. L’autre point de sécurité pour ce type d’installation sera de ne pas coller directement le râtelier à la clôture, mais de créer un couloir de quelques mètres qui permet au râtelier pour ne pas créer un angle de 90° entre le bord du râtelier et la clôture. Ce serait une zone où un subordonné pourrait se faire agresser par un dominant sans possibilité d’échappatoire.

L’autre solution consiste à installer chaque râtelier en face d’un portail d’entrée de parc. L’opérateur commencera par dérouler une clôture électrique en tendeurs ou sur enrouleur installée là à cet effet pour créer un couloir entre le râtelier et le portail inaccessible aux chevaux. Il pourra ainsi ouvrir à la fois le portail et le râtelier pour le remplir sans craindre d’incident avec un cheval.

Séparation des points d’intérêt

Le respect d’un des principes de base de l’écurie active qui est la séparation des points d’intérêt doit s’appliquer également à l’agencement des parcs et paddocks. Par exemple, si le fourrage et l’abri sont concentrés au même endroit, d’une part les chevaux ne vont plus avoir besoin de bouger donc ils vont stagner et ne plus se déplacer suffisamment. D’autre part, la zone d‘abri sera sans cesse dérangée par les chevaux en train de s’alimenter donc les chevaux ne pourront pas s’y reposer correctement et notamment s’y coucher. Enfin, la proximité entre le fourrage et l’abri incitera les chevaux à venir uriner et déposer leurs excréments dans l’abri de couchage d’autant plus que celui-ci sera paillé.

 

L’autre principale raison de la séparation des points d’intérêt est la lutte contre la promiscuité. En effet, en toute logique, si les chevaux sont « entassés » au même endroit, les distances interindividuelles sont plus courtes et les relations de dominance ne pourront plus d’exprimer de façon discrète. Le nombre et l’intensité des relations agonistiques vont monter avec le risque de blessure des chevaux ou la difficulté pour les plus soumis à atteindre le fourrage ou l’abri de peur de s’y faire chasser par un dominant. À l’inverse, si les différents points d’intérêt sont répartis dans l’espace, les groupes affinitaires de chevaux vont avoir plus tendance à se séparer et ceux qui mangent ne risquent plus de déranger ceux qui se reposent.

La Lutte contre le gaspillage

Si l’hébergement au paddock a pour premier objectif le bien-être des chevaux, on ne doit pas pour autant perdre de vue la dimension économique. Les deux charges sur lesquelles il convient d’être vigilant sont d’une part la main-d’œuvre avec une optimisation du temps et de la pénibilité certes, mais aussi l’alimentation qui est le second poste de charge d’une écurie (hors amortissements qui varient d’une structure à l’autre). Il n’est pas question de rogner sur la qualité des aliments, mais bien de lutter autant que possible contre le gaspillage. Aujourd’hui, la meilleure solution de lutte contre le gaspillage du fourrage est l’utilisation de filets petites mailles dans des râteliers adaptés. Ils permettent à la fois de distribuer le foin en gros conditionnements et de le rendre suffisamment difficile à attraper par les chevaux pour qu’ils ramassent le moindre brin de foin tombé par terre. On adaptera simplement la taille des mailles au gabarit de la bouche des chevaux ; classiquement, 3 cm pour les poneys, 4.5 cm de côté pour les chevaux et 6 cm pour les chevaux de trait.

L’autre poste qui peut générer du gaspillage et surtout beaucoup de perte de temps, c’est l’abreuvement. On ne perdra pas de vue que l’eau de boisson est un facteur de santé important pour le troupeau. Elle doit en permanence être propre et disponible. La propreté est la problématique de l’été ou les algues se développent très rapidement, la disponibilité est plus une problématique d’hiver où plane le risque de gel. Que ce soit la corvée de nettoyage des bacs en été ou de dégel en hiver, toute structure professionnelle se doit d’anticiper et d’automatiser cette tâche qui relève de la corvée d’un autre âge. On pourra choisir selon l’importance du risque de gel et la taille du troupeau sur un abreuvoir isotherme ou un abreuvoir antigel (avec thermostat et résistance chauffante). Le premier aura l’avantage de prévenir le développement d’algues en été alors que le second se nettoie facilement, mais sécurise l’hiver même si la consommation d’eau est faible ou irrégulière.

Que les chevaux soient hébergés en petits ou en grands groupes, tous ces principes s’appliquent. Ils permettent d’abord de lutter contre le risque principal inhérent à l’hébergement collectif de chevaux qui est la blessure lors d’interactions agonistiques. Ils permettent également de limiter le temps de travail sur les tâches pénibles et qui ne génèrent ni valeur ajoutée ni plaisir pour que chacun puisse consacrer plus de temps au contact direct avec le cheval.

 

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